Le ras le bol des agriculteurs

Rémi Agrinier, Secrétaire général des JA Aveyron s’exprime sur le « ras le bol des agriculteurs » dans l’édito de la Volonté paysanne du 18 octobre 2019.

Les JA et la FDSEA se mobilisent à nouveau lundi 21 octobre, en soirée, dans le cadre d’un mouvement national contre les accords du CETA/Mercosur, l’agribashing, etc.
Pourquoi cette action ?
«Les agriculteurs en ont ras le bol d’être malmenés par des politiques et une partie de la population. On nous demande de produire une agriculture de qualité et notre pays veut importer l’inverse, avec des traités commerciaux comme le CETA et le Mercosur. Tout cela est incohérent ! Nous avons donc décidé de durcir le ton, avec ce nouveau rendez-vous de lundi soir où tous les cantons JA et FDSEA seront mobilisés. Nous allons afficher partout notre slogan «N’importons pas l’alimentation que nous ne voulons pas».
 
Qu’attendez-vous des consommateurs ?
En France, nous avons une agriculture reconnue comme l’une des meilleures au monde. Face à cela, je le répète, on veut nous proposer des produits agricoles inverses, qui ne respectent pas nos pratiques en termes de qualité. Nous aimerions que les consommateurs réagissent de leur côté, avec plus de cohérence dans leur acte d’achat. Le discours ambiant c’est moins de pesticides, plus de bien-être animal, etc. Mais lorsqu’il s’agit d’acheter ces produits de qualité qui ont un prix, le consommateur n’est souvent pas en phase avec ses exigences… Les agriculteurs français produisent pour tout le monde, le mieux possible.
 
Qu’attendez-vous maintenant du gouvernement ?
Le gouvernement doit afficher clairement ses positions. Il faut qu’il nous soutienne, qu’il arrête de signer des traités de libre-échange contraires à l’intérêt de notre agriculture. Autre chose, les médias doivent aussi arrêter de nous accabler ! De nous accuser de pollueurs avec les pesticides, ou de maltraiter nos animaux. Qu’ils aillent voir sur le terrain la réalité de notre métier et de nos pratiques ! J’ai encore entendu à la télévision cette semaine que la mortalité des abeilles, c’était notre faute, à cause des pesticides. Les apiculteurs savent que c’est le frelon asiatique et le varroa qui sont principalement responsables de cette mortalité, et non les agriculteurs. Il faut arrêter de mentir aux télespectateurs. Il faut leur dire la vérité.
 
Comment réagissent les Jeunes Agriculteurs à travers les réseaux sociaux notamment, face à l’agribashing ?
C’est un problème pour nous car nous sommes peu nombreux parmi la population, et donc peu à réagir contre les informations fausses ou incomplètes. Sur les réseaux sociaux, il est facile de balancer n’importe quoi pour faire de l’audience, du buzz. Le problème est que le citoyen lambda qui ne connaît pas la réalité de la campagne, du monde rural, peut prendre chaque info pour argent comptant.
 
Qu’attendez-vous, enfin, de cette nouvelle action de lundi ?
En Aveyron, notre dernière action du 8 octobre avait privilégié le contact avec les consommateurs, avec des dégustations de produits aveyronnais. D’autres départements avaient choisi des blocages routiers. Cette fois, nous allons monter d’un cran, avec le message clair contre une alimentation que nous ne voulons pas. Nous sommes tous prêts à bouger. Et aller à Strasbourg, vendredi 15 novembre, pour signifier aux parlementaires européens qu’ils arrêtent d’être bipolaires, de voter l’inverse de ce qu’ils nous demandent de produire !».
 
D.B.
Source : La Volonté paysanne